Par Gérard Gati, parfumeur, fondateur de Géodora
« Quand Isabelle m’a demandé si j’étais d’accord pour rédiger quelques lignes sur ma définition du parfumeur, je lui ai répondu oui sans hésiter.
Mais très vite je me suis dit que j’avais été un peu trop prompt à m’engager car le risque est grand de paraitre fat, ou faussement modeste, et même ennuyeux en décrivant par le menu notre activité de créateur de parfums.
Mais l’aube est une amie chère, et ce matin une nouvelle fois elle a dissipé la brume de mes pensées pour y apporter une grande clarté. Le Parfumeur est un aventurier, voilà ma définition. Un peu courte peut être, alors je vais m’en expliquer.
Évidemment de nos jours, le parfumeur n’est plus cet homme intrépide du XVIIIème siècle, portant perruque et chaussé de bas blancs qui s’embarquait avec ses fioles sur des caravelles ou sur des pistes déformées pour aller faire sentir ses compositions au grand Turc ou la cour de Russie.
Mais le parfumeur est un aventurier parce qu’il est sans cesse lancé dans une nouvelle quête. Il fait des voyages imaginaires qui le poussent bien plus loin que les rives du Bosphore ou celles de la Volga. Ces contrées abritent une faune et une flore de lui seul connu.
Un peu bonimenteur
Le Parfumeur est un aventurier parce qu’il est aussi un peu bonimenteur. Il se moque des conventions et à la vérité nue, pesée et mesurée, il préfère la narration qui le mène parfois à l’exagération. Son univers est celui du rêve qu’il s’évertue à mettre dans des bouteilles comme le génie dans sa lampe, afin que, comme nous l’espérons tous, en ouvrant nos flacons de parfums, un miracle se produise.
Enfin, le Parfumeur est un aventurier parce qu’il est épris de romantisme. Cette force qui pousse les hommes depuis des temps immémoriaux, à se dépasser pour un idéal.
Aventurier et explorateur
Peut-être cependant lui manque il tout de même un peu de cette adrénaline que l’aventurier ressent dans ses explorations. Ce que Mike Horn raconte lorsqu’il parle de ceux qui marchent au bord de la falaise. Peut-être est-ce pour combler ce manque que par le biais de la fiction, je lance, dans mon roman Effluve Express E57, mon héros, Hugo Cabrisio, un parfumeur renommé, dans une aventure à haut risque, où il va mettre sa vie en péril. (lire notre chronique Lecture ici : https://www.dunmotalautre.com/voyages-en-terre-deffluves-et-de-senteurs/
Sans doute cette vision romantique de la vie n’est-elle pas non plus étrangère au fait que mon plus jeune fils se prénomme Philéas. Il se destine d’ailleurs à devenir, à son tour, un parfumeur.
Au péril de sa vie
Depuis trente ans cette aventure est la mienne, et depuis quelques mois je la porte à travers une marque de haute parfumerie, GEODORA, Parfumeur en Provence dont l’origine du nom vient du grec ancien et signifie « Le cadeau de la terre ». »