L’odorat, sens souvent oublié, a ces dernières années connu un regain d’intérêt de la part des chercheurs. Il est aujourd’hui sous le feu des projecteurs : en effet, l’anosmie, ou perte de l’odorat, est un des symptômes fréquents de la COVID. L’OSTMR (Olfactory Stimulation Therapy and Memory Reconstruction) offre des pistes thérapeutiques, et nous invite également à faire une place plus grande aux odeurs au quotidien.
Olga Alexandre, docteur en médecine et biochimiste, enseignante à L’École Supérieure du Parfum, a développé en 2014 une méthode thérapeutique reposant sur des stimuli olfactifs. Elle nous raconte comment.
L’odorat, un sens particulièrement touché par la COVID
« Gérard, 65 ans, a contracté la COVID au mois de février. Il a rapidement retrouvé la santé. Cependant, au mois d’avril, il présentait toujours des troubles de l’odorat : il était incapable de sentir 70 % des odeurs qui lui étaient présentées. Les senteurs d’herbe coupée, de banane, de clou de girofle, de café, de chocolat, pourtant très familières et généralement expressives, avaient ainsi complètement disparu de son quotidien. Les tests ORL ont montré que c’était bien le virus qui était responsable de cet état. Après une semaine d’entraînement journalier avec des stimuli olfactifs, il était capable de sentir distinctement six odeurs sur les dix travaillées, et avait retrouvé une perception partielle pour les quatre autres. Cela lui a rendu espoir. Il n’a pas encore récupéré entièrement, mais les progrès ont continué.
En terme de fréquence, l’anosmie est le deuxième symptôme le plus constaté chez les patients souffrant de la COVID. La plupart récupèrent naturellement l’odorat au bout de quelques semaines, mais de nombreuses personnes doivent être prises en charge spécifiquement pour ce problème. Les demandes sont de plus en plus nombreuses. Une partie du travail se fait dans le cabinet du spécialiste en OSTMR, une autre consiste en une exposition quotidienne à des odeurs choisies à la maison. Quatre-vingt stimuli olfactifs distincts, parfois plus, sont utilisés au cours de la rééducation.
Notre nez peut nous guider vers plus de bien-être
Bien d’autres facteurs qui causent une perte de l’odorat peuvent être pris en charge : opérations chirurgicales, chimiothérapie, traumatismes crâniens, stress post-traumatique, … Mais la méthode a bien d’autres applications. D’excellents résultats ont été obtenus dans la prévention du burn-out, dans l’accompagnement de malades en fin de vie, avec un soulagement significatif de la douleur, ou encore dans le traitement d’addictions lourdes. Ainsi, Michel, dont le père était garagiste, a pu, grâce a l’odeur d’essence, mieux gérer ses sentiments filiaux et décrocher complètement de l’alcool.
Par ailleurs,il n’est pas seulement question de soigner : notre nez peut aussi nous apporter bonheur, joie de vivre, détente. Chacun de nous peut utiliser, avec la guidance appropriée, les odeurs pour vivre mieux et plus sereinement. Un point clé est d’identifier la signification individuelle de chaque odeur. Par exemple, lors du travail avec quatre membres d’une même famille, l’odeur du pastis, associée aux vacances passées ensemble, a permis de rouvrir le dialogue.
L’OSTMR, une méthode basée sur les odeurs qui a fait ses preuves
Olga Alexandre, docteur en médecine et biochimiste, enseignante à L’École Supérieure du Parfum, a développé en 2014 une méthode thérapeutique reposant sur des stimuli olfactifs.
Celle-ci met en oeuvre des protocoles élaborés qui intègrent progressivement exercices respiratoires, travail sur la perception olfactive, jusqu’à un travail très précis sur des senteurs connotées émotionnellement. Depuis 2016, l’OSTMR est utilisée en milieu hospitalier. Les applications en sont multiples : psychothérapie, psychiatrie, gestion du stress, prise en charge des troubles du sommeil, gestion de la douleur, amélioration de la qualité de vie, récupération de l’odorat…
Cette dernière est évidemment essentielle en ce moment où de nombreuses victimes de la COVID ont subi une perte de l’odorat.
En 2018, Olga Alexandre, en collaboration avec l’École Supérieure du Parfum (Paris), a ouvert une formation à l’OSTMR destinée aux professionnels de la santé (médecins, psychothérapeutes, …), puis une autre qui s’adresse aux parfumeurs de métier. De nombreux spécialistes, ORL, docteurs en neurosciences, en chimie, en psychiatrie, y interviennent. C’est une formation solide qui permet aux diplômés d’accompagner les patients avec compétence. Parmi les diplômés, certains exercent en milieu hospitalier, d’autres en cabinet privé. Ils restent en communication étroite afin d’enrichir la méthode de leurs expériences respectives.
Pour plus d’informations pratiques, tant sur la formation que sur les praticiens, nous vous invitons à consulter le site www.ostmr.com.