Avec ces quelques vers, la rose est saluée en rimes et rythme.
Nul besoin de formules ou d’étrange algortyhme
Pour donner au creux de ces lignes le souffle divin
Que le poète, inspiré et touché, diffuse de ses mains.
« Mignonne, allons voir si la rose
qui ce matin avoit desclose
sa robe de pourpre au soleil,
a point perdu ceste vesprée
les plis de sa robe pourprée,
et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
mignonne, elle a dessus la place
las ! las ses beautez laissé cheoir !
ô vrayment marastre nature,
puis qu’une telle fleur ne dure
que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
tandis que vostre âge fleuronne
en sa plus verte nouveauté,
cueillez, cueillez vostre jeunesse :
comme à ceste fleur la vieillesse
fera ternir vostre beauté. »
Pierre de Ronsard (1524-1585)